[Découvrir] La littérature coréenne en France


Avant propos : Ce panorama retraçant l'histoire de la littérature coréenne en France est un article qui me tenait à cœur depuis longtemps et qui est assez largement inspiré d'un essai que j'ai eu à rédiger il y a quelques mois. Je ne détiens pas la connaissance absolue en littérature coréenne et ce que j'expose ci-dessous n'est qu'un condensé de ce que j'ai pu retenir de mes cours de littérature coréenne et de mon avis personnel sur la question.




Lorsque l’on entre dans une librairie et que l’on s’aventure vers le rayon dédié à la littérature asiatique, force est de constater que la littérature japonaise domine le marché, la Chine sur ses talons, et la Corée loin derrière. Quant aux autres pays asiatiques, c'est presque s'ils étaient invisibles (sauf exceptions, comme la littérature indienne).

Pourtant, la traduction de la littérature coréenne remonte à la fin du dix-neuvième siècle, avec Printemps parfumé (traduit par J.-H Rosny). Mais le fantasme coréen n’est pas au rendez-vous et les traductions restent rares. Il faut attendre la fin du vingtième siècle pour qu'enfin le public français commence à se montrer plus réceptif à cette littérature. Des maisons d’éditions et magasines littéraires se lancent dès lors dans la publication de plusieurs œuvres coréennes. On retrouvera notamment chez Actes Sud de nombreux titres comme Blessures d’avril (Yi Oryong, 1989) ou Notre héros défiguré (Yi Munyol, 1992). La collection Lettres coréennes voit le jour chez L’Harmattan et permet la publication d'ouvrages tels que Le chant mélodieux des âmes (Han Mahl-sook, 1995) ou Cent pétales d’amour (Kim Cho-hye, 1998). Les éditions Philippe Picquier enrichissent également leur catalogue par leurs premières sorties coréennes, avec par exemple L’âme du vent (Oh Jung-hi, 1995 ou 1998).

Les premiers romans traduits sont très identiques dans leurs thématiques. Tous ou presque narrent les tempêtes qui ont fait rage sur la péninsule au vingtième siècle : la blessure de l'occupation japonaise du début du vingtième siècle jusqu'en 1945, le déchirement de la division imposée par la Conférence de Yalta en 1945, la douleur de la guerre qui s'en suivit (1950-1953), la rudesse de la vie durant les années de dictature au Sud (jusqu'à la fin des années 80). Le quotidien de ces auteurs se retrouvent au fil des pages et leur style est souvent empreint d'une certaine mélancolie, poésie noire de cœurs en peine. Le début des années 2000 poursuit le même chemin, terminant d'introduire plus largement la littérature coréenne à travers les grands écrivains du vingtième siècle dont la plume peint le destin des Coréens durant cette époque troublée. Quelques exceptions s'autorisent un voyage dans le passé, plaçant l'intrigue au temps des rois de Corée.


Fin des années 2000, tournant de dizaine. La Corée attire de plus en plus le regard sur elle, notamment avec la pop coréenne et les dramas (séries tv) qui commencent à rencontrer un certain succès auprès du public français. C'est aussi un virage pour la littérature coréenne qui connait un véritable vent de fraîcheur. Des auteurs plus jeunes apparaissent, balayant les thématiques de leurs aînés et en amenant de nouvelles. Celles-ci sont plus abordables à l'international, les problématiques et enjeux soulevés pouvant se retrouver dans la société française actuelle (tandis que la guerre et la séparation nous sont étrangers). On y lit alors les détresses d'une jeunesse en quête d'identité et de reconnaissance, les difficultés des relations humaines, les combats du quotidien. Et le public semble y être réceptif, car le nombre de publications coréennes a drastiquement augmentée. Des auteurs comme Hwang Sok-yong (Toutes les choses de notre vie, 2016) Kim Young-ha (Ma mémoire assassine, 2015) ou Lee Seung-U (La vie rêvée des plantes, 2009) se démarquent du lot avec entre 7 et 10 œuvres traduites dans la langue de Molière.


Mais si la littérature coréenne se développe en France, on regrettera néanmoins le manque de diversité de genres exploités. Lorsque l'on jette un coup d’œil aux centaines de livres coréens traduits, on serait tenté de croire que les Coréens n'écrivent pas ou quasiment pas de fantastique, de science-fiction ou de fantasy, ni de littérature pour un public adolescent (sauf des manhwa et quelques (très) rares titres chez Philippe Picquier). En réalité, tout ceci existe bien. En arpentant les rayons des librairies de Séoul, on en trouve forcément : ce n'est pas une denrée rare. Les pays voisins de la Corée (Chine, Japon et Taiwan) bénéficient de ces traductions. Les veinards ! A quand leur arrivée sur l'hexagone ?

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